jeudi 17 septembre 2009

Euphémismes, une comédie française

Spectacle : Euphémismes, une comédie française
Compagnie : Cie Mange Ta Tête
Genre : Théâtre
Date : Samedi 24 octobre à 20h30
Entrée : 10€ (plein tarif), 5€ (tarif réduit), 3€ (groupe)

Août 1996 : M. Debré promet d’expulser les sans-papiers de l’église Saint Bernard avec humanité et cœur, la gauche descend massivement dans la rue. Avril 1997 M. Chirac dissout l’Assemblée Nationale provoquant des élections législatives anticipées. En mai, au Zénith, M. Jospin ouvre la campagne électorale en promettant l’abrogation des lois Pasqua-Debré. La droite est très largement battue aux élections. On parle alors d’une Vague Rose sur la France…

Le réalisme consensuel n’est pas la médecine douce qui guérira la société de ses monstres. C’est la nouvelle folie qui les entretient. Jacques Rancière, 1993.

Dès 1998, certains dénoncent déjà la dérive du PS, le choix d'un consensus permanent qui allait peu à peu dissoudre le PS, de l’intérieur…Pierre Tévanian, philosophe et Sylvie Tissot, sociologue, publient à cette époque Mots à maux, dictionnaire sur la lepénisation des esprits. A partir d’un corpus exhaustif de discours politiques et médiatiques sur l’immigration, les auteurs y analysent l’usage des mots récurrents, en démontrent la portée, nous alertent sur les choix politiques qu’ils présupposent.
Dès la lecture des premières pages, je décide d’écrire une pièce qui sera une composition, un croisement entre des citations et mon écriture. Je me procure les sources des auteurs puis, entre autres, l’intégralité des débats qui ont eu lieu à l’Assemblée Nationale et au Sénat en 1998, lors du vote de la loi Réséda portant sur l'entrée et le séjour des étrangers en France, proposée par M. Chevènement.
Ce que je lis provoque mon écriture qui, elle, tente de décaler les discours, de redonner du souffle. Cette interactivité est source autant que sujet de la pièce: l’empreinte dans les discours de présupposés idéologiques, la construction par la langue de données censées lui préexister. J’ai cherché à relier ce dont il s’agit à ce qui nous agit. Recréer des liens là où ils ont été "atomisés", faire parler les corps. Euphémismes devient, dès lors, une réflexion sur la place que notre société fait à l’autre, l‘autre entendu cette fois-ci comme nous tous, symbole de cohésion de notre société, l’autre comme unique protagoniste de la pièce, sa substance qui, journée après journée, se décompose.
Elsa Ménard.

Ce qui distingue Euphémismes, c’est le mixage des citations avec des éléments textuels para-fictionnels, des parties écrites entièrement et la nomination de néo-personnages à partir de périphrases : "Monsieur ça Va Pas Non", "La Femme Politique de Droite"…C’est aussi une question d’éthique théâtrale : il serait presque pervers de livrer tel quel les discours réels alors qu’ils ont une puissance fascinante-fascisante. Ici leur écoute rend audibles leurs incohérences. On entend le délire mis en regard par le commentaire artistique. On n’est plus seulement une proie fascinée, figée par le trauma que le délire inflige en même temps qu’il s’assène. Les passages où les acteurs jouent le parti pris délirant sont décapants, peut-être parce que personne ne peut se tenir quitte de ces travers de langage, de ces tics, ou de ces envolées délirantes. C’est bien à l’endroit du théâtre, là où le langage se met en représentation, que peut se justifier la réflexion sur une détérioration de la tradition politique qui fonde les sociétés contemporaines. En cela, Euphémismes n’a pas besoin de déstructurer le rapport scène/salle : il suffit d’un côté de faire entendre et de l’autre d’écouter, pour commencer à voir…
Mari-Mai Corbel. Mouvement


Texte, mise en scène, scénographie : Elsa Ménard / Cie mange ta Tête


Musique : Jean Bordé / Lumière : Claire Dereeper / Distribution : Olivier Boreel, Jérôme Buisson, Thomas Laroppe Babacar M’baye Fall, Elsa Ménard, Antony Moreau, Julien Ratel, Gaël Rebel, Camille Roux.


Cie Mange Ta Tête : Actrice, Elsa Ménard joue dans une dizaine de productions. En 1999, elle entame l’écriture d’Euphémismes. Des extraits de la pièce sont lus par les acteurs au théâtre Confluences fin 2005 et elle obtient une bourse d’encouragement de la DMDTS pour ce travail en juin 2006. En octobre 2006, elle est en résidence à La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon pour en continuer l’écriture. En 2007 Euphémismes, une comédie française est sélectionnée par le collectif A mots découverts. Sa création a lieu en mars 2009 à paris.


euphemismes@gmail.com

06 98 81 15 01

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